nous a valu bien des ennemis. Mais une idée fragile dont chaque Libanais, où qu’il se trouve, est dépositaire et qu’il doit préserver. Une idée dictée par le cœur et par la raison.
Le Liban du cœur est celui de la patrie, du mythe et de l’amour. Celui qui vibre aux chansons de Feyrouz. Le Liban de l’ouverture au monde, de l’art, de la joie de vivre et de la culture.
L’acte de foi c’est aussi et en même temps, de croire que le Liban est une réalité historique, sociale, politique et économique, construite par les Libanais, pour les Libanais.
C’est le Liban de la raison et de l’histoire, celui du pacte national passé entre les Libanais. Ce mariage de raison qui a pour vocation de faire adhérer la diversité libanaise à un vivre en commun, respectueux des principes démocratiques de liberté, d’égalité, de justice et de citoyenneté.
L’engagement consiste d’abord à entretenir, développer et transmettre cette idée du Liban, dans son intention première, dans sa noblesse créative et sa convivialité exemplaire. Cette idée compose notre âme et façonne notre identité. La transmettre c’est l’empêcher de mourir.
L’engagement ensuite c’est entreprendre une action à notre portée, pour sortir le Liban du marasme. Une action au service d’un projet politique de changement. Politique dans le sens du gouvernement de la cité pour le bien-commun. Ce geste est à la portée de chacun de nous, jeunes et moins jeunes. Il associe nos apports modestes et nos contributions généreuses, chacun dans son domaine, éducatif, économique, social, politique, culturel, etc.
Il y a un peu plus d’un an des centaines de milliers de Libanais se soulevèrent pour exprimer leur ras-le-bol d’un système politique qui ne répondait plus à leurs attentes. Miné par la corruption généralisée, le clientélisme interne et externe et le confessionnalisme politique, il appartient à un autre âge.
Le changement réclamé n’a pas vu le jour. La classe politique n’a pas été renouvelée. La déception et le découragement sont grands. La crise politique est devenue sociale et financière.
Est-ce à dire que le soulèvement a échoué ?
Non, car la lutte est longue et le changement difficile. Le soulèvement populaire, en dénonçant le système politique irréformable et ses caciques corrompus, a réussi sur le plan moral et éthique.
En incarnant l’esprit de tout un peuple, malgré les souffrances, l’essoufflement, l’impuissance et la résignation à survivre ou à partir, la Saoura a réussi à créer un horizon d’attente.
En réclamant inlassablement l’avènement d’une société juste et égalitaire, un vivre-ensemble apaisé et constructif et des perspectives pour la jeunesse, le soulèvement fait reparaître l’avenir, un moment, disparu. Il réconcilie les Libanais avec l’espoir, pour que vive le Liban !